Série photographique

Corps étranger

2012–2013

Les prises de vue proviennent de France: Strasbourg. 

Ces œuvres ont été réalisées dans le cadre d’une résidence d’artiste de trois semaines à La Chambre (Strasbourg, France)

Depuis Strasbourg, Corps étranger témoigne d’une scission entre le rêve d’équité et de prospérité pour tous, tel que la fait miroiter l’Union européenne, et la réalité des déshérités de cette économie globale qui campent aux abords de la Cour européenne des droits de l’homme. La taille architecturale démesurée de cette institution publique en regard des faubourgs environnants et des modestes jardinets qu’elle surplombe fait image et traduit symboliquement ce clivage.

Arrivée récemment à Strasbourg, je me dirige spontanément vers le Quartier des institutions européennes. Situé au nord-ouest de la ville, il couvre le Wacken, l’Orangerie et la Robertsau.

Fortifications
À mes yeux, dans ces quartiers officiels, quelque chose nous parle d’une autre Europe; peut-être pas celle dont les citoyens « ordinaires » rêvaient.
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Les lignes froides et rigides de ces grands édifices de verre semblent exprimer la brutalité de leur implantation.

Dans ces zones bétonnées, on repère des postes de contrôle, des caméras de surveillance, beaucoup de murs et des grilles closes qui ressemblent à des cellules. Je les photographie.

Chaque année, la Cour Européenne des Droits de l’Homme est une instance de recours pour des dizaines de milliers de citoyens. Certains d’entre eux campent juste à côté, dans des abris de fortune.

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Migrants sans papier, citoyens en colère ou fous, chacun porte son histoire propre qu’il tente de me confier dans une langue que je ne comprends pas. Leur présence en ces lieux devient pour moi l’expression générale d’un désenchantement et d’une indignation.